1 . Une envie-éclair

Après la naissance de ma troisième, je ressentais une certaine résistance dans ma vie, comme si je vivais une vie que je n’avais pas choisie, remplie principalement de devoirs, d’obligations, de contraintes. Il me semblait que pour une mère de famille, c’était le standard. Pour moi, faire ce dont j’avais envie, c’était uniquement une option que je pouvais m’offrir de temps en temps dans des conditions bien particulières, accompagné parfois d’une petite dose de culpabilité sinon c’est pas drôle. Il y avait la vraie vie d’un côté et des parenthèses enchantées de réalisation d’envies de l’autre. Il y avait les couches, le ménage, les repas, les conduites, les mouchages, le repassage (en vrai, je repasse jamais… ça ne me correspond pas !) d’un côté et de temps en temps un verre avec les copines, un week-end en amoureux, un voyage de l’autre. 

Et puis, je me suis juste posée toutes ces questions sur l’envie. J’ai réalisé surtout que je ne savais pas vraiment de quoi j’avais envie. Je sentais que je ne faisais pas ce dont j’avais envie mais je ne savais pas de quoi j’avais vraiment envie pour ma vie. 

En me posant ces questions, j’ai réalisé que les contraintes que j’avais, mes obligations, mes devoirs, c’était moi qui les créais. J’étais totalement libre de les suivre ou non. J’ai réalisé que c’était des choix, mes choix même mais que j’avais oublié que c’était moi qui les avais faits. J’avais oublié pourquoi je les avais faits. J’ai réalisé que rien ni personne ne me forçait à faire quoi que ce soit à part moi. 

J’ai réalisé alors que c’était plus confortable d’en vouloir à tout le monde que d’être l’unique responsable de ma vie. J’ai ressenti que ce n’était vraiment pas facile, ni intuitif de prime abord, qu’on ne m’avait pas vraiment appris à faire ça. Mais j’ai compris néanmoins que de reprendre la responsabilité de ma vie, c’était retrouver ma liberté. 

Et j’ai réalisé que là, tout de suite, j’avais juste envie d’un éclair au café. Au début, je me suis dit que c’était vraiment nul comme envie, que ce n’était pas important, qu’il y avait d’autres choses plus importantes… Puis je me suis juste dit « oui, mais j’en ai envie. » Je me suis dit que ça ne me coûtait pas grand-chose de suivre cette envie. Alors je suis allée m’acheter mon éclair. Puis je me suis dit que je voulais vraiment le savourer alors j’ai pris une jolie assiette, je me suis installée à table, tout le reste pouvait attendre et j’ai savouré chaque bouchée. 

 

C’était juste un éclair, j’aurais pu ne pas écouter cette envie et faire autre chose mais le fait de l’avoir suivie m’a donné un grand sentiment de liberté. Et je me suis dit « bon maintenant de quoi j’ai envie ? » 

Et si c’était aussi simple que ça ?