Alors pour moi, l’envie, c’est effectivement un désir soudain. J’appelle cela l’envie-éclair, c’est comme l’envie de manger un éclair. C’est soudain, vif et pratiquement immédiatement réalisable, ce sont des envies plutôt matérielles : « j’ai envie de cet éclair, j’ai envie de ce pull, j’ai envie d’avoir ce jeu, cet objet ». Nous en avons énormément par jour, nous en assouvissons quelques unes par ci par là selon un arbitrage propre à chacun.
Il y a aussi les envies d’expériences. L’envie se présente là aussi sous la forme d’un désir soudain et vif comme «j’ai envie de prendre un café avec ma meilleure amie », « j’ai envie de partir en voyage », « j’ai envie d’un week-end en amoureux », « j’ai envie de danser », « j’ai envie d’appeler ma mère » mais elles ne sont pas toutes réalisables immédiatement. Pour que ces envies se réalisent, il y a quelques étapes à accomplir avant. « J’ai envie de partir en voyage » : quelle destination ? Quelle date ? Quel moyen de transport ? Avec qui ? Ai-je les moyens ? Tout cela demande une certaine préparation, une certaine patience, une certaine acceptation ou une certaine adaptation.
- Préparation parce que je devrais réaliser quelques tâches qui ne me plairont peut-être pas immédiatement. Comme réserver un vol, je ne crois pas qu’on ait vraiment envie d’accomplir cette tâche en soi si il n’y a pas l’envie d’expérience promise derrière. Personnellement, je n’ai jamais envie de réserver un vol comme ça pour le plaisir. «Je sais pas ce qui m’arrive ce matin, j’ai vraiment envie de réserver un vol, d’utiliser un comparateur de prix, de cocher la case « assurance annulation à 19,90 », c’est ma passion!»
- De la patience, parce que, par exemple, parfois mon compte en banque ne me permet pas de réaliser dans un avenir proche mon envie mais c’est peut-être une situation provisoire et je peux continuer à rêver et réfléchir à des solutions pour me diriger vers cette envie, un jour.
- De l’acceptation, parce que dans certains cas, mon envie d’expérience ne sera jamais réalisable. Si j’ai envie de courir un marathon sur mes deux jambes alors que je suis amputé des deux membres, je n’ai d’autre choix que d’accepter que je ne peux pas réaliser cette envie…dans ces termes.
- Et c’est là que l’adaptation entre en jeu: je peux courir un marathon avec par exemple des prothèses. (J’avais pas dit que c’était toujours facile, j’ai juste dit que c’était possible !) https://www.lefigaro.fr/le-scan-sport/2017/10/24/27001-20171024ARTFIG00119-ampute-des-deux-jambes-il-couvre-31-marathons-en-31-jours-pour-la-bonne-cause.php
Il y a donc ces envies vives et soudaines qui nous traversent au quotidien. Elles sont toutes réalisables avec de la préparation, de la patience, de l’acceptation ou de l’adaptation. Pour moi, il est important d’avoir conscience qu’on peut les assouvir toutes comme on veut, quand on veut. On est 100% libre de les réaliser. Mais sont-elles toujours bonnes pour nous ? Devons-nous toujours les écouter et les assouvir ? C’est une autre question. Et avant d’y répondre, je voudrais parler d’autres envies moins vives et soudaines. Des envies plus conscientisées : ce sont, ce que j’appelle, les envies-d’être. C’est ce type d’envie que j’ajoute à ma définition, qui vont élargir celle du dictionnaire. J’ai envie d’être ce type de personne, j’ai envie d’être ce type d’homme, de femme, de parent… Ce sont des envies qui donnent une direction, un cadre, qui vont venir encadrer mes envies-éclair ou d’expérience. Par exemple, j’ai envie « d’être une femme en bonne santé » va venir encadrer mes envies d’éclairs. Un éclair à l’occasion oui, un éclair tous les jours, peut-être pas ! J’ai envie d’être un dirigeant honnête va venir encadrer mon envie soudaine de piquer dans la caisse. (Le respect de cette envie d’être a l’air plus rare que la réalisation de cette envie soudaine mais je ne connais pas tous les dirigeants pour en tirer une vérité générale.) Ces envies ne viennent pas comme, vous me pardonnerez l’expression, une envie de pisser. Ce sont des envies que l’on va chercher et formuler par nous-mêmes. Elles ne s’imposent pas à nous, on les choisit. Je ne me réveille pas le matin en me disant, j’ai envie d’être une femme épanouie mais quand je prends la peine de me poser la question sur qui j’ai envie d’être, c’est un élément qui me vient.
Pour résumer, quand j’utilise la notion d’envie, je pense aux envies-éclair vives et immédiatement réalisables, aux envies d’expérience que je peux réaliser si je prends le temps de déterminer les étapes nécessaires à leurs accomplissements et les envies d’être qui sont des envies plus posées et réfléchies qui vont donner un cadre à toutes les autres.
Et pour moi, quand on maîtrise ces trois formes d’envies, on peut se créer la vie dont on a envie. Ca devient ma philosophie de vie.